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le prince d’Héricourt, sa femme, qui ont si loyalement protégé notre amour ?…

Cette question interdit M. de Rochegune : il hésita quelques moments de parler : j’étais désolée de la lui avoir faite, car il me semblait, hélas ! que nous ne pouvions y répondre.

Dans cet entretien, malgré la réserve apparente de mes paroles, je me sentis plus troublée, plus éprise que jamais… J’étais, hélas ! j’ose l’avouer, peut-être encore plus de l’avis de M. de Rochegune qu’il n’en était lui-même, mon amour pour lui atteignait son paroxysme : à chaque instant j’étais sur le point de lui dire fuyons…

Il reprit tristement :

— Je n’ai jamais menti, Mathilde… je ne mentirai pas en cette occasion… Si vous consentiez à me suivre… j’irais trouver le prince et je lui dirais tout…

— Et quels reproches n’aurait-il pas le droit de vous faire, lui, lui !…

— Eh ! après tout — s’écria M de Rochegune avec une impatience douloureuse qu’importent le prince, les jugements du monde ! voulons-nous les braver ? En dispa-