Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mise à mon avantage… Voilà tout le mystère de ce changement… Ce qui n’a pas changé, ce sont les sentiments que vous a voués votre amie… votre sœur…

— Ma sœur… ma sœur ! Je ne vous ai jamais aimée comme une sœur… je vous l’ai dit… Seulement jusqu’ici j’ai eu du courage, jusqu’ici j’ai eu de la volonté… jusqu’ici j’ai cru que l’on pouvait impunément aimer une femme comme vous… jusqu’ici j’ai cru que l’intimité dans laquelle nous vivions me suffirait et j’ai cru que la sublimité d’un amour idéal, que l’admiration qu’il m’inspirait me raviraient à toute humaine passion… Eh bien, Mathilde ! je n’ai plus ce courage, je n’ai plus ces croyances : serments, vœux, promesses, tout est oublié… Ma passion, si longtemps comprimée, éclate à la fin… Mathilde… Mathilde, je l’avoue, il n’y a qu’un lâche… c’est moi… qu’un coupable… c’est moi ; mais au moins pitié, pitié pour un amour brûlant… insensé… qui égare ma raison !

Je frémis du péril que je courais. En me retraçant ses émotions, M. de Rochegune me disait les miennes.