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puis hier, j’ai pu vous apparaître sous un jour si différent.

— En vain j’ai voulu m’expliquer la cause de cette transformation, je ne l’ai pas pu. En vain je me suis demandé pourquoi votre vue m’a causé hier une émotion que je n’avais jamais ressentie. Votre physionomie n’était plus la même… Madame de Richeville s’en est aperçue comme moi, sans doute, car elle vous a dit que jamais vous n’aviez été plus jolie… Cela était vrai… Votre regard, ordinairement si doux, si calme et si limpide, était tour à tour brillant ou chargé de trouble et de langueur ; votre voix était plus vibrante, votre teint plus animé, votre sourire plus éclatant… Penché sur votre épaule, j’ai cru la voir frissonner sous mon souffle… Vous étiez entourée de je ne sais quelle atmosphère magnétique qui m’attirait, qui m’enivrait… Non, ce n’est pas une illusion. Vous étiez, vous êtes maintenant plus belle que vous ne l’avez jamais été… ou plutôt vous êtes belle d’une beauté de plus.

— Allons, mon ami, vous êtes encore plus poète que d’habitude ; vous voulez essayer de nouvelles flatteries… Peut-être, hier, étais-je