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que je vous ai dit pour votre visage, il n’a jamais été plus charmant que ce soir.

Malgré ma tendre affection pour madame de Richeville, je désirais de la voir sortir, je sentais la force factice qui m’avait jusqu’alors soutenue m’abandonner.

À peine la duchesse m’avait-elle quittée, qu’épuisée par les émotions de la journée, je me sentis défaillir ; bientôt je tombai presque sans connaissance entre les bras de ma pauvre Blondeau.

L’épreuve que j’avais voulu tenter ne me laissa aucun doute. L’amour pur, héroïque, était un rêve, une chimère…

Ma faiblesse, l’ardeur de la jeunesse avaient-elles fait évanouir ces admirables illusions ? ou bien un tel amour est-il une de ces dangereuses utopies, un de ces funestes mirages qui cachent un abîme ? Je ne savais…

D’autres femmes que moi avaient-elles su garder un juste et prudent équilibre entre la froideur et l’entraînement ? Était-il des caractères assez fermes, des vertus assez hautes, pour étouffer jusqu’au timide et secret désir ? Je l’ignore…