rent, mes lèvres plus vermeilles, ma démarche plus décidée ; je me sentais comme animée, dominée par une force supérieure ; c’étaient en moi des rayonnements, des espérances de bonheur qui arrivaient à l’idéal, lorsque je rencontrais le regard amoureux et inquiet de M. de Rochegune.
Je me plaisais à admirer sa noble physionomie si mâle et si hardie ; je m’étonnais de n’avoir pas jusqu’alors assez remarqué combien il était beau de cette beauté fière qui est aux hommes ce que la grâce est aux femmes ; chacun de ses regards m’arrivait au cœur et me bouleversait.
Oh ! non, non, je ne pouvais plus me tromper, cette fatale expérimentation me dévoila toute l’étendue, toute la profondeur de ce ressentiment passionné.
Cette soirée passa comme un songe ; chose singulière ! malgré mes préoccupations, je fis à merveille les honneurs de chez moi ; en me quittant, madame de Richeville m’embrassa et me dit :
— Je vais vous répéter pour votre esprit ce