Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. de Rochegune me regarda aussi fixement pendant une seconde.

Il est impossible de dire la puissance électrique de ce regard qui remua jusqu’aux dernières fibres de mon cœur… Dans un espace qui échappe à la pensée, je ressentis des enivrements, des défaillances, des extases, des épouvantes qui m’arrachèrent au présent, au passé, à l’avenir… enfin, dans ce regard d’une seconde qui répondait au mien… je vis s’allumer tout-à-coup les feux de la passion la plus ardente…

Le concert continua.

M. de Rochegune retomba comme accablé en appuyant son front dans ses deux mains ; plusieurs fois je détournai un peu la tête pour l’apercevoir, il était toujours dans la même position.

Le concert terminé, on convint de prendre le thé chez moi ; j’y invitai quelques personnes de notre société que je rencontrai au concert.

Je revenais en voiture avec madame de Richeville, Emma et M. de Rochegune ; celui-ci fut taciturne, préoccupé.