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Derrière moi était placé M. de Rochegune : il s’était un peu avancé pour mieux entendre Rubini ; son souffle léger effleurait mon épaule nue, et courait dans les boucles de mes cheveux que je sentais tressaillir… enfin, en écoutant ces chants si adorablement passionnés, j’aspirais le parfum pénétrant d’un magnifique bouquet de roses et de stéphanotis, don chéri d’une main bien chère.

Non, non, de ma vie, je n’oublierai ce moment de bonheur si complet… avoir à ses côtés sa meilleure amie, sentir près de soi l’homme que l’on adore, être bercée par des accents enchanteurs en s’enivrant de la senteur embaumée des fleurs qu’un amant vous a données… n’est-ce pas absorber l’ivresse du plaisir par tous les sens ?

Je ne reculerai devant aucun aveu, je l’ai dit :

Je reconnus avec une sorte de voluptueuse angoisse que jusqu’alors je n’avais rien ressenti de semblable. Jamais la présence de M. de Rochegune ne m’avait aussi violemment agitée, aussi délicieusement émue. Je reconnus enfin que le changement qui s’était opéré