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par en ressentir du malaise et par l’éviter.

Je fus sur le point de faiblir encore, croyant follement qu’Emma devinait les pensées qui m’agitaient ; mais par un nouvel effort, par un nouvel élan de volonté, je m’élevai au-dessus de ces préoccupations.

Puis, à ce mouvement de contrainte succéda je ne sais quel entraînement auquel je ne pus résister : au lieu d’avoir honte de l’émotion que j’éprouvais auprès de M. de Rochegune, je m’y livrai aveuglément, et je sentis sur mes joues une légère chaleur fébrile ; ma réserve se dissipa complètement, je devins très causante, et plusieurs fois madame de Richeville et nos amis s’exclamèrent sur ma gaîté, qui m’étonnait moi-même.

Le dîner fut très amusant. Presque aussitôt nous partîmes pour le concert ; j’acceptai cette fois, très bravement le bras de M. de Rochegune.

Je pris une résolution violente, je voulais faire une épreuve décisive pendant cette soirée tout entière passée auprès de M. de Rochegune ; je ne changeai rien à mes habitudes de familiarité. Je ne voulais me refuser à aucune