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ouvertement avouée dans le très petit cercle de madame de Richeville, que je ne lui disais jamais Monsieur. Il ne me disait non plus jamais Madame.

Pour la première fois, je fus confuse de cette preuve d’intimité. On annonça à la duchesse qu’elle était servie ; M. de Grandval offrit son bras à madame de Richeville, comme étant plus âgé que M. de Rochegune ; celui-ci m’offrit le sien, je lui dis tout bas presque d’un ton de reproche :

— Et madame de Semur ?

Il était trop tard, madame de Semur, passant devant nous, avait pris gaîment le bras d’Emma.

Maintenant que je me rappelle une à une toutes ces maladresses, ou plutôt tous ces aveux involontaires, je ne puis que les attribuer à mon trouble cruel, à mon manque absolu de dissimulation. Sans me croire coupable, j’avais déjà perdu la sérénité de ma conscience ; je répugnais à jouir des doux priviléges dont je me sentais alors moins digne.

Si la réflexion ne m’eût pas bien vite convaincue de la portée de mes imprudences,