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ses deux mains sur son cœur, et dit avec un accent de candeur charmante :

— Mon Dieu ! comme mon cœur bat encore… — et elle ajouta en regardant sa mère :

— Je ne sais pourquoi je ne puis maintenant m’empêcher de rougir en voyant madame de Lancry ; je me sens si émue que j’hésite un moment avant que de l’embrasser.

Et, comme si elle eût triomphé d’une lutte intérieure, qui se peignit par une sorte de contraction de ses traits, elle me sauta au cou en me disant avec une grâce enchanteresse :

— Ah ! heureusement cela passe… mais pendant un moment cela fait bien mal.

Madame de Richeville me jeta un nouveau coup-d’œil, et dit à Emma :

— Mais enfin, mon enfant, qu’éprouvez-vous, pourquoi ce mouvement ?

— Je ne sais — reprit-elle en secouant sa jolie tête d’un air d’innocence angélique ; — j’arrive toute joyeuse ; mais tout-à-coup, à l’aspect de madame de Lancry, mon cœur bat, se serre douloureusement… Mais cette impression s’évanouit bien vite, et tout mon bonheur revient en l’embrassant.