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c’est une assurance, une fermeté, un entrain qui relèvent à sa vraie hauteur son caractère que je trouvais trop beau pour être si timide et si réservé. Cet entrain, comme vous le pensez, a été bien douloureusement comprimé par la nouvelle de la mort funeste de M. de Mortagne. Nous causons souvent de cet excellent ami. M. de Rochegune a pour vous un intérêt profond, sincère. Tout le monde l’aime pour sa bonté, pour son esprit et pour sa loyauté chevaleresque. C’est vraiment un homme d’un courage moral extraordinaire ; aucune considération n’arrête sa franchise, il dit et ose ce que personne ne dit et n’ose. La comtesse A. de Semur dit de lui avec beaucoup de justesse : Il est impossible d’être plus effrontément honnête homme. Il parle souvent à la chambre des pairs, sa parole incisive et âpre ne ménage ni amis ni ennemis lorsqu’il défend contre eux un des grands principes qu’il met au-dessus des hommes et des choses. Quoique jeune, on compte fort avec lui ; car son influence égale son indépendance.

« Voici ma tâche à peu près remplie, ma chère Mathilde. J’ai essayé de vous peindre les