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Je regardai madame de Richeville avec étonnement.

— Probablement je me serai trompée — reprit-elle — puisque la remarque que j’ai faite ne vous a pas frappée… vous qu’elle intéresse particulièrement.

— Moi ? Expliquez-vous, je vous en prie.

— Eh bien ! — continua madame de Richeville avec une légère hésitation — ne vous êtes-vous pas aperçue, depuis quelque temps, d’aucun changement dans la conduite d’Emma envers vous ?

— Non, en vérité ; ou plutôt si, si, il m’a semblé qu’elle redoublait de soins et de prévenances… Bien plus, j’avais oublié de vous parler de cet enfantillage qui prouve encore son tendre attachement : il y a huit à dix jours, la voyant rêveuse, comme elle l’est souvent maintenant : je lui dis : — Emma, à quoi pensez-vous ?… Je pense que je voudrais m’appeler Mathilde comme vous — me répondit-elle. — Pourquoi cela ? le nom d’Emma n’est-il pas charmant ? — Oui, mais je préfère celui de Mathilde. — Mais encore, repris-je, pour quelle raison ? — Je le préfère parce qu’il est le vôtre.