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lui manque-t-il pour trouver un homme digne d’elle ?

— Si l’amour maternel ne m’aveugle pas, il ne lui manque rien ; mais, hélas ! ma chère, mériter, est-ce obtenir ?

— Pensez donc combien elle est belle et merveilleusement douée !

— Oui, mais sa naissance ! — dit la duchesse en soupirant. — Je serai sans doute forcée de lui chercher un mari dans une classe au-dessous de la nôtre. Cette crainte ne vient pas de mon orgueil, mais de ma tendresse ; il y a mille délicatesses de savoir-vivre pour ainsi dire traditionnelles et presque générales dans notre monde, qui se trouvent bien rarement ailleurs. Or, plus le caractère d’Emma se développe… plus je reconnais qu’il lui serait impossible de supporter certaines manières, certaines façons ; oui… je suis presque fâchée qu’elle soit d’une susceptibilité si impressionnable ; c’est une véritable sensitive… Mais puisque nous parlons de cette chère enfant… il faut que je vous dise une chose que je vous ai tue jusqu’ici.