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sère, avoir été la première sans doute à profaner cet amour par la pensée… et le laisser soupçonner peut-être… Oh ! non, non — m’écriai-je — plutôt mille fois la mort que ce dernier terme de l’abaissement…

Et si j’étais assez malheureuse pour succomber, non-seulement je justifiais l’abandon de mon mari, mais j’abusais ignominieusement de la plus vénérable protection.

Seule, abandonnée, brisée par le désespoir, en butte aux plus odieuses calomnies, des amis étaient venus à moi, m’avaient généreusement tendu la main, m’avaient défendue, entourée de soins, de dévouement ; bien plus, prenant en pitié mes malheurs passés, voyant la préférence que j’accordais à un homme digne de moi, ces amis m’avaient dit : « Vous avez bien souffert, votre cœur a été déchiré ; mais courage, espérez des jours meilleurs ; pour vous, si longtemps privée d’affections, ce n’est pas assez de la tendre amitié que nous vous témoignons ; un sentiment plus vif, mais aussi pur qu’il est ardent, remplira votre vie ; nous avons en vous et en l’homme que vous aimez une foi si entière, que nous