Sait-on ce qui me fit ressentir une commotion profonde, inconnue ? Sait-on ce qui domina toutes mes pensées, ce qui me bouleversa tout à-coup ? Sait-on enfin ce qui causa la première rougeur qui me soit montée au front, la première honte qui me soit montée au cœur, qui me fit douter de moi, de mon courage, de ma vertu, de mes droits à la haute estime dont on m’entourait ? Le sait-on ?
… Ce fut le baiser qu’Ursule donna sur la main de M. de Rochegune…
Cela paraît fou, impossible ; cela est misérable, je le sais, car à ce moment encore, où j’écris ces lignes dans la solitude, je baisse les yeux comme si mon trouble et ma confusion éclataient à tous les regards…
Oui… lorsque M. de Rochegune parla de ce baiser… mes joues s’empourprèrent, je ressentis comme un choc électrique ; une émotion inconnue, à la fois ardente et douloureuse, me causa je ne sais quel frémissement de colère… tout mon sang reflua vers mon cœur… malgré moi, tandis que M. de Rochegune parlait… Mes regards ne purent se détacher de sa main… comme s’ils y eussent cher-