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ner… Je n’étais pas sûre d’effacer toutes ces impressions en lui nommant ma cousine ; en ne la lui nommant pas, il oublierait peut-être cette mystérieuse entrevue.

Dans sa lettre à un ami inconnu, M. de Lancry parlait de la sombre tristesse qui accablait Ursule depuis quelque temps, du changement extraordinaire qui s’était opéré dans les habitudes de cette femme.

Elle, jusqu’alors si insouciante, si légère, était résolue, disait-il, à quitter le joyeux et brillant hôtel de Maran, et elle avait accompli cette résolution.

En rapprochant ces faits de l’aventure du bal de l’Opéra, je me demandai si une passion violente, impérieuse, pour M. de Rochegune, qu’elle connaissait de vue, et dont tout le monde parlait, n’avait pas envahi l’âme d’Ursule…

Je me rappelais ce passage de son insolente lettre à mon mari où elle lui peignait avec une si brûlante éloquence l’amour qu’elle devait peut-être ressentir un jour pour l’homme qui la dominerait despotiquement.

Enfin cette femme m’avait déjà frappée