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rencontrer que cette nuit… au bal de l’Opéra. »

À ces mots de M. de Rochegune, je ne sais quelle folle, quelle funeste pensée me traversa l’esprit.

M. de Lancry, dans la lettre que je venais de lire, parlait de reproches adressés à Ursule à propos du bal de la mi-carême où elle était allée secrètement, je m’imaginai que ma cousine était l’héroïne de l’aventure que M. de Rochegune venait de me raconter.

Mon saisissement fut tel, que je m’écriai :

— Au bal de l’Opéra… dans la nuit d’avant-hier !

M. de Rochegune attribua cette exclamation à une autre cause.

— Cela vous semble étrange, Mathilde, mais vous oubliez que la nuit de jeudi à vendredi était la nuit de la mi-carême. Je trouvai ce rendez-vous assez étrange, mon premier mouvement fut de n’y pas aller ; mais je me ravisai en réfléchissant qu’après tout une véritable infortune n’osait peut-être se révéler à moi qu’à l’abri de ce masque de fête : j’oubliais de vous dire qu’on devait m’attendre devant l’horloge depuis minuit jusqu’à quatre heures du