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de notre examen de cœur, je ne vous en tiens pas quitte.

— Voyons, Mathilde, que ressentez-vous pour moi à cette heure ? Je vous écoute avec l’orgueilleux recueillement d’un poète qui entend lire son œuvre… car enfin votre amour est mon ouvrage.

Après quelques moments de réflexions, pendant lesquels je m’interrogeais sincèrement, je répondis à M. de Rochegune : — Il y a une différence très grande entre ce que je ressentais pour vous il y a quelque temps, et ce que je ressens maintenant… Je ne pourrais guère vous expliquer cela que par une comparaison. Nous parlions tout à l’heure de voyages, d’un château romantique situé sur les bords du Rhin ; eh bien !… moi, touriste….. qu’un site à la fois majestueux, pittoresque et charmant me frappe d’admiration, ma pensée s’y repose avec bonheur, je me dis qu’il serait doux de passer sa vie au milieu de cette solitude animée par la vue des grands spectacles de la nature : tout me séduit, les lignes sévères des montagnes, la fraîcheur des riantes prairies, la profondeur mystérieuse des om-