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sance nous sommes pénétrées pour celui dont la délicatesse sait nous épargner la honte et les remords de l’amour !

— Et il faut être aimé par vous, Mathilde, pour comprendre qu’il est de célestes ravissements où l’âme semble s’exhaler dans une adoration passionnée ; qu’il est enfin des jouissances à la fois si pures et si vives, qu’elles fondent nos instincts terrestres dans l’extase ineffable où elles nous enlèvent… Oh ! Mathilde… maintenant je crois… aux délices de l’union des âmes.

— Et puis ce qui me ravit encore dans notre amour — dis-je à M. de Rochegune — c’est qu’il ne peut être soumis aux phases, aux variations d’un amour ordinaire : dans la sphère élevée où il plane, il échappera toujours aux dangers de la satiété, de l’inconstance. Pourquoi ne durerait-il pas éternellement ?

— Éternellement ? oui, Mathilde, éternellement, car vous avez dit vrai, il est dégagé de tout ce qui lui est ordinairement fatal ou mortel ! Vous avez dit vrai, la précieuse liberté dont nous jouissons est une magnifique récompense. Si vous saviez combien la vie ainsi pas-