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et son mari : puis nous reviendrons prendre le thé chez moi ; car j’inaugure cette petite maison, et vous savez seul ce grand secret…

— Tenez, Mathilde, je vous avoue, à ma honte, que maintenant je suis presque indifférent à l’application de la théorie du bon prince.

— Il faut pourtant m’entendre encore. J’ai la plus grande envie de voir les tableaux de l’ancien Musée ; vous parlez peinture comme un poète. Ce n’est pas une épigramme, c’est une louange, et je me fais une fête de faire cette excursion avec vous.

— Et moi donc ! j’ai toujours pensé qu’il fallait être amoureux et aimé pour sentir toutes les beautés des chefs-d’œuvre de l’art ; on les voit alors à travers je ne sais quel reflet d’or et de lumière qui les fait divinement resplendir… Mais il nous faudra plusieurs jours pour tout admirer.

— Je l’espère bien, mon ami ; car nous serons très paresseux. Nous voyez-vous, mon bras appuyé sur le vôtre, longtemps arrêtés dans notre admiration devant un Raphaël ou un Titien ? Quel texte inépuisable de longues et douces causeries !