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soit, ne se laisse pas à la fin toucher par tant d’amour !

« L’orgueil ne m’aveugle pas ; je vous fais assez d’humiliants aveux pour que je puisse, d’un autre côté, me relever un peu : je suis jeune, j’ai eu assez de succès, je ne manque ni de monde ni d’esprit ; j’ai été aimé, passionnément aimé de femmes qui, aux yeux du monde, valaient bien Ursule, à commencer par ma femme et par son amie intime madame de Richeville. Pourquoi donc Ursule ne partagerait-elle pas ma passion ? Elle a beau dire que, par cela même que je suis très épris d’elle, elle ne ressent rien pour moi… ce sont des paradoxes dont elle berce son dépit ; elle se sent maîtrisée par son amour, et elle ne veut pas en convenir.

« Mais ce domino… Peut-être est-elle jalouse de moi !… Oui… maintenant je me souviens de lui avoir dit, il y a quelque jours, que j’irais à ce bal de la mi carême. Tout ce qui s’est passé hier m’a empêché d’y aller. Ursule ignorait ces changements dans mes projets ; elle aura voulu m’épier. Ces allures sournoises sont quelquefois assez dans son caractère.