Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Ne prenez pas ceci pour de vaines paroles, pour des exagérations. Voilà plus de deux années que dure cette liaison, et j’aime Ursule plus ardemment, plus désespérément encore que le premier jour. Je me connais, je sais les ressources de son esprit si piquant, si original, si imprévu ; sa beauté toujours provocante n’est-elle pas pour ainsi dire toujours nouvelle : posséder une telle femme, n’est-ce pas posséder tout un sérail !

« J’ai passé ma lune de miel seul avec ma femme ; au bout de quinze jours tout a été dit, ç’a été une monotonie, une lourdeur de tendresse insupportable, aucun élan, aucun entrain… Au lieu qu’avec Ursule… Oh ! une telle vie… avec Ursule… ce serait, je vous le répète, à en devenir fou de joie…

« Tenez… tenez… je ne me trompe pas, non, tout m’est expliqué maintenant. Après avoir si longtemps dissimulé, Ursule ne le peut plus ; son amour pour moi, trop longtemps comprimé, va éclater enfin. Est-il, après tout, possible, probable, naturel, qu’une femme, si corrompue, si insensible qu’elle