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lant ainsi et par orgueil, et dans la crainte de me laisser pénétrer l’influence que j’avais sur elle ; croyant me dominer plus sûrement par ces alternatives de tendresse, de froideur ou de dédain.

« En quittant si brusquement mademoiselle de Maran sans me dire la raison de ce départ, pourquoi Ursule ne voudrait-elle pas me prouver qu’elle m’aime pour moi-même en renonçant aux splendeurs dont je l’ai entourée jusqu’ici ? Dites, pourquoi non ? Vaincue enfin par tant de preuves de passion, cette femme n’est-elle pas assez bizarre pour dédaigner maintenant ce luxe qui l’avait d’abord séduite ? Peut-être elle rêve une vie obscure et tranquille dans quelque coin éloigné de la France ou dans un pays étranger… Si cela était… si cela était… oh ! j’en mourrais de joie. Elle a totalement bouleversé mes goûts, mes habitudes ; maintenant je déteste autant le monde que je l’aimais. Mon seul vœu serait de couler mes jours près d’elle au fond de quelque solitude ignorée ; au moins là elle serait toute à moi, il n’y aurait pas une minute de sa vie qui ne m’appartînt.