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abandonnée aux soins de ses valets, était horrible ; qu’elle avouait avoir été assez méchante pour s’être fait tant d’ennemis ; qu’une fois Ursule partie, personne ne viendrait la voir ; que la révolution de juillet avait dispersé les anciennes relations sur lesquelles elle aurait pu compter. Ursule fut inflexible.

« Alors mademoiselle de Maran, entrant dans un accès de rage furieuse, lui fit les plus sanglants reproches, lui parla de son ingratitude, de son inconduite. Ursule sourit, et ne dit pas un mot. Enfin nous lui demandâmes comment elle vivrait ; elle nous répondit qu’il lui restait environ trente mille francs de sa dot, et que cela lui suffirait.

« Telle est la cruelle position où je me trouve ; je connais assez le caractère d’Ursule pour être certain qu’à moins d’un prodige, elle ne changera rien à ses résolutions. Je l’ai quittée il y a deux heures sans avoir pu en arracher une parole ; j’ai beau me torturer l’esprit pour deviner la cause de cette brusque détermination, je n’y parviens pas plus que je ne parviens à pénétrer la cause du chagrin, de l’accablement où je la vois depuis quelque temps.