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tenir Ursule, comme si ce n’était pas mon seul, mon unique désir ; enfin, malgré son avarice croissante, mademoiselle de Maran s’écria qu’elle ne regarderait à aucun sacrifice pour garder Ursule auprès d’elle ; que si les 40,000 fr. qu’elle me donnait ne suffisaient pas pour rendre sa maison agréable elle me donnerait davantage, tout ce qui serait nécessaire, dût-elle entamer ses capitaux ; il lui restait si peu d’années à vivre qu’elle pouvait faire cette folie, disait-elle…

« J’entre dans ces détails pour vous montrer l’influence d’Ursule : elle pouvait vaincre l’avarice sordide de mademoiselle de Maran, qui jusqu’alors avait honteusement abusé de ma prodigalité et m’avait à grand’peine donné annuellement l’argent qu’elle m’avait promis pour tenir sa maison.

« Nous remontâmes auprès d’Ursule avec Mademoiselle de Maran. Celle-ci la supplia, mit en œuvre tout son esprit, toutes ses flatteries pour la décider à ne pas la quitter ; Ursule fut inflexible. Mademoiselle de Maran pleura (mademoiselle de Maran pleurer !), s’écria que le sort d’une pauvre vieille femme, seule et