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« Mathilde, je sais combien vous méritez d’intérêt, de sympathie ; je ne vous dirai pas de comparer vos affreux chagrins à ceux-là et d’imiter ce courage stoïque, mais je vous dirai encore : Venez, venez auprès de nous. C’est presque une consolation que d’avoir à aimer de pareils gens ; et puis enfin, dites, ma pauvre enfant, lorsqu’après vos journées de solitude désolée vous cherchez le sommeil, quel souvenir consolant pouvez-vous évoquer ? Aucun. Si, au contraire, vous aviez eu sous les yeux une scène aussi touchante que celle que je viens de vous raconter, est-ce que vous ne vous sentiriez pas moins malheureuse ? Pourquoi n’en serait-il pas des maladies de l’âme comme de celles du corps ; si un air pur et salubre peut redonner la vie, pourquoi une âme blessée ne se retremperait-elle pas dans une atmosphère de sentiments élevés et généreux ?

« Je sais que vous êtes bonne, bienfaisante ; mais, par cela même que vous êtes modeste, vous ne vous appesantissez pas sur le bien que vous faites, et la charité n’est pas un adoucissement à vos chagrins.