Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’ai voulu, à quelque prix que ce fût, (et à quel prix, mon Dieu !) être une femme à la mode, briller à Paris, être l’idole de ses fêtes… Tout cela, je l’ai été. L’on croit que c’est par amour que je vous ai enlevé à votre femme et l’on me trouve odieuse ; on a raison : si l’on savait que je ne vous ai jamais aimé, on me trouverait bien plus odieuse, bien plus infâme encore ; et l’on aurait toujours raison. »

« Je vous le demande, n’était-ce pas à la tuer de mes propres mains ? Mais elle m’avait, depuis si longtemps, habitué à ses boutades, à ses caprices que je n’aurais pas attaché beaucoup d’importance à ses duretés, si, depuis quelque temps, son humeur n’était devenue étrangement sombre, taciturne.

« Je n’ose dire, même à vous, les folies que j’ai faites pour la sortir de l’espèce de mélancolie morne où elle est plongée. Tout a été vain ; maintenant elle refuse de descendre chez mademoiselle de Maran. Celle-ci, qui a subi la fascination de cette femme, est aussi impuissante que moi à la distraire. Ursule l’accueille tantôt avec indifférence, tantôt avec