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que j’avais trompées, les laides que j’avais dédaignées, ont accueilli ces beaux propos du prince, et je m’aperçois depuis quelques jours qu’on me reçoit dans le monde avec un silence morne, une politesse glaciale, mille fois plus blessante que l’impertinence, car je ne puis pas trouver le prétexte de me plaindre ou de me fâcher.

« Si le prince d’Héricourt n’était pas un vieillard, je serais remonté à la source de cette misérable ligue, et je l’aurais provoqué ; mais il n’y faut pas songer. Il me reste le Rochegune : vingt fois par jour, je suis tenté de me battre avec lui ; mais je crains le ridicule : on croirait peut-être que ma jalousie cause ce duel. Pourtant j’aimerais à tuer cet homme, car je l’exècre ; de tout temps il m’a été souverainement antipathique : il était l’ami de Mortagne, que je n’ai plus à détester. Avant mon mariage, je le trouvais déjà insupportable par ses affections de charités obscures, de bienfaits mystérieux ; mais au moins il n’avait pas cette physionomie impérieuse, cette attitude insolente qu’il a maintenant.

« L’autre jour, je l’ai reucontré, il était à