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de déclarer devant tout Paris qu’il aimait passionnément ma femme, et que celle-ci le lui rendait bien, en tout bien en tout honneur, s’entend…

« Là-dessus le vieux prince et la princesse (une angélique dévote, notez bien cela) se sont mis à crier bravo, à féliciter M. de Rochegune de sa franchise. Enfin l’enthousiasme ou plutôt le ridicule engouement a été tel, qu’une femme de mes amies, qui m’a raconté cette scène, m’a avoué, tout en se moquant beaucoup d’elle-même, qu’un moment elle n’avait pu résister à l’exaltation générale.

« Vous le savez, tout est mode à Paris ; aussi est-on pour l’instant affolé de ce qu’on appelle la loyauté chevaleresque de M. de Rochegune. Les femmes en perdent la tête, les hommes le jalousent ou le craignent. Madame de Lancry est citée comme un modèle admirable de vertueuse passion ; et pour le quart d’heure, l’amour platonique et ses innocentes consolations font fureur.

« Avec tout ce platonisme-là, je suis quelquefois très tenté de regarder M. de Rochegune comme le plus grand roué que je con-