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il a plus de trois cent mille livres de rentes et en dépense pour lui à peine soixante, dit-on. On prétend qu’il donne beaucoup en aumônes, mais dans le plus grand secret ; c’est plus économique. Quant à sa figure, elle est assez caractérisée, mais dure et sans charme. Cependant les femmes sont si singulières, qu’en Italie, en Espagne, et même à Paris, il a eu assez d’aventures pour pouvoir prétendre à des succès moins sérieux que ceux qu’il ambitionne.

« Après un voyage de deux ou trois ans, il est revenu cet hiver à Paris. Ses traits se sont incroyablement bronzés sous le soleil d’Orient. Cet agrément, joint à d’épaisses moustaches brunes et à quelque chose de hautain, d’âpre et de cassant dans ses manières, lui donne la physionomie d’un bravo italien ; mais, avec sa stupidité habituelle, le monde, admirant toujours ce qui est nouveau, s’est engoué de ce philanthrope-matamore, de ce soldat-avocassier, de ce millionnaire avare, et à cette heure on ne jure que par lui.

« Si vous me demandez pourquoi je m’étends avec autant de complaisance sur ce portrait, c’est que M. de Rochegune est tout