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« Vous rencontrerez, presque chaque soir, l’excellent prince d’Héricourt et sa femme. Tous deux, à force de grandeur et de bonté, se sont fait pardonner une longue vie de bonheur et de tendresse, que le plus léger nuage n’a jamais obscurcie. La première révolution les avait ruinés ; la dernière les a privés de leurs dignités, qui étaient toute leur fortune : redevenus pauvres, ils ont accepté ce malheur avec tant de noblesse, tant de courage, qu’ils ont fait respecter leur infortune comme ils avaient fait respecter leur félicité.

« Je vous assure, Mathilde, que la vue de ces deux vieillards, d’une sérénité si douce, vous calmerait, vous ferait du bien, vous donnerait le courage de supporter plus fermement votre chagrin.

« Il y a deux jours je suis allée voir la princesse, le matin. Elle et son mari occupent une petite maison près de la barrière de Monceaux ; la solitude de ce quartier, la jouissance d’un joli jardin, et surtout la modicité du prix les ont fixés là. Je ne saurais vous dire avec quelle vénération je suis entrée dans cette modeste demeure.