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pare ce que j’éprouve auprès de M. de Rochegune à ce que je ressentais auprès de M. de Lancry avant mon mariage, et pendant les rares moments de bonheur que j’ai goûtés… quelle différence !… Au fond de toutes mes émotions d’alors, si heureuses qu’elles fussent, il y avait toujours de l’embarras, de l’inquiétude ; auprès de M. de Rochegune, il n’y a rien de tel. Lorsqu’il est là, j’éprouve un bien-être, une sérénité indicibles ; au lieu de précipiter ses pulsations, mon cœur semble battre plus également qu’à l’ordinaire ; la présence, la conversation, les aveux mêmes de cet ami bien cher ne me troublent pas ; j’éprouve ces épanouissements de l’âme qu’excitent toujours en moi l’admiration de ce qui est généreux et bon, la lecture d’un beau livre, la contemplation d’un noble spectacle, ou le récit d’une action héroïque.

Madame de Richeville me regarda d’abord avec étonnement, puis elle secoua la tête en souriant avec tristesse.

— Tout ce que je désire est que ce calme dure, ma chère Mathilde. Je vous connais ; lors même que vos principes ne seraient pas