Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonnes qui représentent ce que la société a de plus éminent, de plus vénéré, consacrent l’amour de cet homme pour une femme qui n’est pas la sienne, tant cet amour est sublime, tant cette femme est digne de cet amour !… Ah ! Mathilde… Mathilde… — me dit madame de Richeville avec un accent de bonté et de remords qui me navra — jamais je n’ai mieux senti la distance qui existe entre vous et moi… jamais je n’ai plus amèrement regretté les fautes que j’ai commises…

— Qu’osez-vous dire ! — m’écriai-je — voulez-vous mêler quelque amertume à cet hommage que je mérite si peu ?… Qu’ai-je donc fait, mon Dieu ! pour être digne de ces louanges, de cet intérêt que je dois à votre constante et ingénieuse amitié ? N’est-ce pas vous qui avez mis tout l’esprit de votre cœur à faire valoir ma seule qualité bien négative, hélas ! la résignation ? Mon Dieu ! est-ce donc si difficile de souffrir ? Ai-je seulement lutté ? Ai-je seulement prouvé mon amour par quelque trait de dévouement ? Non : je l’aurais fait sans doute, je le crois ; mais enfin, l’occasion ne s’est pas présentée. Je n’ai pas montré un de