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qui avait pour témoin l’élite de Paris ! Maintenant, avez-vous le courage de blâmer M. de Rochegune de son indiscrétion ?

— Non, sans doute — m’écriai-je en prenant la main de madame de Richeville — car je dois à son indiscrétion un des plus doux moments de ma vie.

— N’est-ce pas ?

— Si ce n’était vous qui me racontiez cela, mon amie, j’aurais de la peine à croire ce que j’entends, tant cette scène me semble loin de nos habitudes, de nos mœurs, de notre temps.

— Mais aussi — s’écria madame de Richeville — croyez-vous que le prince, que la princesse, que M. de Rochegune soient beaucoup de notre temps !… Je ne parle pas de vous, chère enfant, vous me gronderiez ; mais croyez-vous qu’il se rencontre souvent un homme d’une loyauté si reconnue, qu’il vous honore et vous place, pour ainsi dire, plus haut encore dans l’opinion publique par un aveu qui, dans la bouche de tout autre, eût à jamais compromis votre réputation ? Comment, l’autorité de ce caractère chevaleresque est telle, la confiance qu’il inspire est si grande que des per-