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siennes. — Désormais, au moins, deux cœurs malheureux, et séparés par les lois humaines, pourront sans crainte chercher le bonheur dans un sentiment dont ils n’auront pas à rougir… Votre exemple aura été leur guide et leur salut. Si on les calomniait, ils citeraient votre nom, et la calomnie se tairait…

— Mon Dieu ! — dis-je à madame de Richeville en essuyant mes yeux, car j’étais profondément émue — mon Dieu ! que je regrette qu’il s’agisse de moi, car je ne puis dire assez combien j’admire ce langage !

— Et encore, ma chère Mathilde, je vous le rends mal, je l’affaiblis, j’en suis sûre ; et puis comment vous peindre la majesté de la physionomie du prince, le noble courroux qui fit rougir son front sous ses cheveux blancs, lorsqu’il qualifia l’indigne conduite de votre mari, et l’expression d’ineffable bonté avec laquelle il parla de vous ! Encore une fois, chère enfant, il faut renoncer à vous rendre l’effet de cette scène ; vous savez que le prince et la princesse personnifient l’honneur, la religion, la dignité, la naissance. Jugez donc encore une fois de l’imposante grandeur de cette scène,