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croient que la société n’a ni le pouvoir ni l’énergie de châtier les lâches excès que la justice humaine ne peut atteindre. Qu’une fois au moins, et puisse cet exemple être fécond ! la voix publique flétrisse un homme indigne et le punisse en prononçant contre lui une sorte de divorce moral ; que cette voix dise à la noble et malheureuse femme de cet homme : — « À celui qui vous a abreuvée de chagrins et d’outrages, à celui qui s’est séparé de vous pour se déshonorer par une vie d’un cynisme révoltant, à celui-là vous ne devez plus rien, Madame, rien que de conserver son nom sans tache, parce que son nom est désormais le vôtre… Votre cœur est blessé, pauvre femme ; après avoir longtemps souffert et pleuré en silence, vous trouvez de douces consolations dans un attachement aussi dévoué que délicat. Ni Dieu ni les hommes ne peuvent vous blâmer. » Ce sentiment est noble, pur et franc, le monde y applaudit, sa médisance l’épargne ! Encore une fois, honneur et gloire à vous, mon ami — ajouta le prince en serrant avec une nouvelle émotion la main de M. de Rochegune dans les