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tueux, si passionné, que, malgré sa singularité, cet aveu public sembla la chose du monde la plus convenable.

— Je sais mieux que personne la loyauté de M. de Rochegune — dis-je à madame de Richeville en rougissant. — Que devant vous et vos amis il ait la franchise de son attachement pour moi, soit ; mais devant des personnes dont la bienveillance ne m’est pas assurée…

— Vous êtes injuste, ma chère Mathilde ; la fin de ceci vous prouvera que notre ami a au contraire parfaitement agi. Madame Ksernika releva, bien entendu, le mot de tendrement, et dit à M. de Rochegune en minaudant et pour lui porter un coup dangereux : — Voici qui est au moins très indiscret. Savez-vous que c’est une espèce de déclaration qui pourra bien revenir aux oreilles de madame de Lancry ? — Eh !… croyez-vous, Madame — dit M. de Rochegune — qu’il n’y a pas longtemps que j’ai déclaré à madame de Lancry que je l’aimais passionnément ? Madame de Ksernika prit un air étonné, effaré, baissa les yeux, les releva, les baissa encore avec une expression de pudeur alarmée, et dit enfin : — Je suis dé-