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parler du dernier concert du Conservatoire où nous étions ensemble, et l’on me demanda si vous étiez bonne musicienne ; c’est à ce propos que la conversation s’engagea sur vous. — Certainement — répondis-je — et il est malheureux pour les amis de madame de Lancry qu’elle soit d’une insurmontable timidité ; car elle les prive souvent du plaisir de l’entendre : elle a une excellente méthode et un goût parfait… La première fois que j’ai entendu madame de Lancry parler — dit M. de Rochegune — j’ai été certain qu’elle devait chanter à merveille ; le timbre de sa voix est si musical, que le chant chez elle n’est pas un talent, mais une sorte de langage naturel. — Madame de Ksernika, qui ne vous pardonne pas sans doute, ma chère Mathilde, le mal qu’elle a voulu vous faire autrefois, sourit d’un air perfide et dit doucereusement à M. de Rochegune, voulant sans doute l’embarrasser : Vous êtes un des grands admirateurs de madame de Lancry, Monsieur. — Oui, Madame, mais je l’aime peut-être encore plus tendrement que je ne l’admire — dit M. de Rochegune d’une voix si ferme, d’un ton si franc, si respec-