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Il fallait la scène que je raconte pour m’éclairer sur les intentions qu’on prêtait à M. de Senneville ou qu’il avait manifestées lui-même, mais dont je n’avais jamais eu le moindre soupçon.

Madame de Richeville entra un matin chez moi et me dit en m’embrassant :

— Vous me voyez folle de joie. Vous êtes l’héroïne d’un fait inouï, incroyable ; on vous aime, on vous admire au-delà de ce qu’on peut imaginer ; on veut vous dédommager de tout ce que vous avez souffert. Quand je vous disais que le monde avait du bon… il vous rend justice. Me voici décidément optimiste.

Madame de Richeville semblait si exaltée que je lui dis en souriant :

— Mais expliquez-moi donc, dites-moi donc comment je suis devenue, sans m’en douter, l’héroïne de ce fait inouï, incroyable ?

— Je vais vous dire cela et vous faire rougir… oh ! mais rougir de toutes vos forces, car les louanges ne vous ont pas été épargnées ; mais ce qu’il y a de charmant, c’est que c’est une sottise de mon neveu Gaston de Senneville qui a inspiré à M. de Rochegune les plus