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que je me laissais aller sans crainte au charme de cette affection naissante. Je ne le cachais pas, j’étais fière et, je le crois, justement fière des preuves d’attachement que M. de Rochegune m’avait données et de la noble influence qu’à mon insu j’avais exercée sur sa vie.

Je jouissais de ses succès qui grandissaient chaque jour. Il parlait rarement à la chambre des pairs, mais son éloquence faisait vibrer toutes les âmes généreuses ; l’influence de sa parole était d’autant plus puissante que son indépendance était absolue. Il n’appartenait à aucun parti, ou plutôt appartenait à tous par ce qu’ils avaient de noble et d’élevé ; partisan déclaré de ce qui était juste, humain, grand, vraiment national, il était impitoyable aux lâchetés, aux égoïsmes, aux hypocrisies : ne s’inféodant à personne, il s’était fait ainsi une position exceptionnelle, stérile pour les avantages personnels qu’il aurait pu en tirer, admirablement féconde pour les augustes vérités qu’il répandait en France, en Europe.

Le retentissement de son nom et de son beau caractère alla si loin, qu’un souverain du Nord, après avoir résisté à toutes les instances