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vous avez pris votre obéissance aveugle au pouvoir de votre mari, votre courageuse observance de vos devoirs pour le noble dévouement de l’amour, vous avez été vertueuse, résignée… vous vous êtes crue passionnée.

— Mais n’ai-je pas ressenti les tortures de la jalousie ?

— Tout s’enchaîne ; partant d’une impression fausse, vous vous êtes trompée sur la jalousie comme sur l’amour.

— Je me suis trompée ?

— L’ingratitude de votre mari vous a bien plus révoltée que son infidélité.

— Mais pourquoi n’aurais-je pas aimé M. de Lancry ?

— Parce qu’il était indigne de vous.

— Comment, vous croyez qu’on n’aime véritablement que les personnes dignes de soi ?

— Je crois que vous, Mathilde de Maran, vous ne pouvez aimer, véritablement aimer qu’une personne digne de vous…

— Mais voyez M. Sécherin, il est aussi bon que sa femme est perverse ; elle l’a honteusement trompé, et il l’adore.

— Je ne parle pas de M. Sécherin, je ne gé-