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mour est éteint dans le cœur ? Au contraire, elle prouvera qu’il n’y a jamais brûlé plus pur et plus ardent… Eh bien… avez-vous ressenti quelque chose de pareil ? Non, sans doute ; après avoir affreusement souffert, vous avez fui avec horreur les souvenirs de vos souffrances, vous avez remercié Dieu de vous avoir délivrée de votre bourreau, pauvre et malheureuse femme !

— Cela est vrai… Loin de me complaire dans ces souvenirs détestés… je les ai fuis… Mais si fatal, si honteux même, je vous l’accorde, qu’ait été mon amour, je n’en ai pas moins aimé… Je n’aurais pas, sans cela, épousé M. de Lancry.

— Eh mon Dieu ! il y a des surprises de cœur comme il y a des surprises de sens ; les séduisants dehors de votre mari, ses hypocrites et douces paroles, votre empressement si naturel d’échapper à la tutelle de votre tante, votre confiance ingénue dans un homme que vous croyiez sincère et loyal, votre générosité native, le manque absolu de comparaison, tout vous a poussée à un mariage indigne de vous. Une fois mariée, une fois malheureuse,