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— Rien de plus simple. Vous êtes une courageuse femme, aussi jalouse de votre honneur qu’un homme l’est du sien. Vous êtes incapable de commettre une faute autant par solidité de principes que parce que cette faute aurait l’air d’une lâche représaille, et de donner l’ombre d’une excuse à l’indigne conduite de votre mari. Est-ce vrai ?

— Cela est vrai, je n’ai jamais pensé autrement.

— Vous le voyez, je fais une large part à l’élévation de vos sentiments. Je les comprends, car je les partage. Mais vous avez vingt ans à peine ; devant vous une vie isolée, sans famille, sans liens. À cette heure, l’amitié de madame de Richeville vous suffit encore, vous êtes dans un état de transition, vous prenez la cessation de la souffrance pour le bonheur. Cet état négatif ne durera pas ; votre cœur s’éveillera, vous aimerez…

J’interrompis M. de Rochegune.

— Vous avez — lui dis-je — jusqu’ici parlé avec trop de raison et de vérité pour que je tombe d’accord avec vous sur ce dernier point.