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adorable chef-d’œuvre de la nature, à un être idéal de bonté, de grâce, de noblesse, et je les ai obtenues. Les derniers vœux de mon père, ceux de M. de Mortagne, le pieux respect que m’inspirèrent vos chagrins ont encore augmenté le culte passionné que je vous ai voué. Vous êtes devenue pour moi comme un être intermédiaire entre ce qui est divin. Depuis que je vous connais, c’est à vous que j’ai toujours reporté mes meilleurs instincts, parce qu’ils sont toujours venus de vous : en mêlant votre nom, votre pensée à de généreuses actions, ce n’était pas une flatterie que je vous adressais, c’était un de vos droits que j’acquittais.

— Vous aviez pourtant d’autres souvenirs que le mien à invoquer-lui dis-je pour changer le cours de cet entretien, qui commençait à m’embarrasser — l’homme admirable qui nous a élevé dans de si nobles sentiments…

— Mon père… ? il avait pressenti ce que vous seriez… il avait espéré nous unir l’un à l’autre — me répondit gravement M. de Rochegune. — C’est penser à lui que de penser à vous… son souvenir auguste et sacré plane