Page:Sue - Mathilde, tome 5.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

triste passé est maintenant pour moi comme un rêve pénible. Tout ce qui en rappellerait la réalité me ferait horreur.

— Vous avez raison, laissez-nous le soin de veiller sur vous ; oubliez, oubliez le passé ! Oh ! nous parviendrons à le chasser de votre souvenir, à force de soins, d’affection. Mortagne vous a léguée à madame de Richeville, à moi, à tous ceux enfin qui ont une âme généreuse. Nous tâcherons d’être pour vous ce qu’il était lui-même, et de vous prouver qu’il n’y a que de bons cœurs sur la terre… Pauvre femme ! vous avez tant souffert, vous avez rencontré tant d’êtres infâmes ou dégradés, que vous ne demanderez pas mieux que de nous croire et de vous laisser aimer, n’est-ce pas ?

Je ne saurais exprimer avec quelle cordialité simple et touchante M. de Rochegune prononça ces paroles.

— Que vous êtes bon ! lui dis-je — que de gratitude je vous ai déjà ! N’avez-vous pas devancé le vœu de M. de Mortagne ? souvenez-vous donc… il y a trois ans…

— Oh ! ne parlons pas de ce que vous me