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— Allons, homme mystérieux — dit madame de Richeville — faites-nous vite connaître le visage de ce vieil hetman, que j’aime beaucoup sans le connaître.

— Et dites-nous votre chanson des Hirondelles, que j’aime beaucoup parce que je la connais — dit madame de Semur.

— Par où commencera-t-il, chère princesse ? — dit madame de Richeville.

— Par la chanson, car on l’entend encore longtemps après qu’il l’a chantée, tant cette mélodie simple et touchante laisse d’écho dans le cœur.

Emma se mit au piano.

M. de Rochegune commença.

C’était un air albanais qu’il avait noté lui-même et dont il avait traduit les paroles. Rien de plus naïf, de plus primitif que ce chant d’une mélancolie ravissante.

Je n’avais jamais entendu la voix de M. de Rochegune ; elle était à la fois sonore, douce et profondément vibrante.

Cette chanson me fit tant de plaisir, que je la lui redemandai ; sans se faire prier, il la recommença de la meilleure grâce du monde.