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cavalière et hardie d’un vaillant portrait de Velasquez ou de Van Dyck. Son allure décidée n’avait rien de l’effronterie des fanfarons ; elle annonçait une nature calme et forte, intelligente et énergique. À la courbure de ses lèvres, légèrement arquées, on voyait que le sarcasme amer pouvait remplacer la généreuse bienveillance du sourire.

Ravie de revoir M. de Rochegune, je lui dis cordialement ma joie, qu’il partagea ; en me parlant du passé, un nuage de tristesse passa tout à coup sur ses traits ; je devinai qu’il donnait une pensée à M. de Mortagne, mais qu’il ne trouvait ni le moment ni le lieu convenables pour me parler de cet ami bien cher.

— Savez-vous que vous êtes très dissimulé au moins ? — dit madame de Richeville à M. de Rochegune.

— Comment cela, madame la duchesse ?

— Certainement ; vous me racontez comment vous avez été blessé, comment vous avez manqué de périr enseveli sous la neige, comment vous avez été sauvé… mais voilà tout… vous vous gardez bien de dire un mot de certain vieil hetman…