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vous en saurez la cause… je ne veux pas enlever à Rochegune le plaisir de vous l’apprendre.

— Mais avant qu’il ne vienne, il y a de quoi mourir de curiosité — dit madame de Semur. — Voyons, prince, laissez-vous attendrir. Pour vous décider, je vous déclare très sérieusement que je trouve admirable la conduite de M. de Rochegune ; son moyen de rappeler l’hetman à lui-même en lui disant : « Suivez-moi, je sais où sont vos fils… » ne pouvait venir que d’un esprit généreux qui sait combien les affections profondes ont de retentissement dans le cœur.

— Et son idée de profiter de la reconnaissance qu’il inspire, pour imposer la clémence à ces barbares ! — dit la princesse d’Héricourt ; — cela n’est-il pas aussi une grande pensée ?

— Très belle et très grande — reprit le prince — et qui vous paraîtra peut-être sinon plus belle, du moins plus touchante, lorsque vous saurez le nom…

— Ah ! prince, que vous êtes cruel !… dit madame de Semur. — On admire tout sans restriction, et rien ne peut vous attendrir…