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vieillard se soit jamais agenouillé devant un jeune homme. « Je t’avais sauvé la vie, tu m’as sauvé l’honneur — dit le vieillard ; — je devrais donc te sauver encore une fois la vie pour être quitte envers toi ; tu me rends encore mes fils : que faire pour m’acquitter ? — Voici les propres paroles de notre ami, telles que me les a rapportées l’aide-de-camp qui était venu complimenter l’hetman sur la charge brillante de ses cosaques : — « Toi et tes fils — dit Rochegune — jurez-moi d’épargner désormais les femmes et les enfants ou les vieillards qui vous tomberont sous la main, et de leur dire Vivez au nom de… » — Ici le prince s’interrompit.

— Au nom de qui ? — nous écriâmes-nous…

Le prince sourit et dit :

— Ceci n’est pas mon secret, qu’il vous suffise de savoir que l’hetman et ses enfants firent et tinrent ce serment. Le nom qu’avait prononcé Rochegune fut si peu oublié dans cette horde, m’a dit l’officier russe qui a terminé cette campagne, que l’an passé, à la fin de la guerre, il était pour l’hetman aussi sacré que le serment qu’il avait fait à notre intrépide et généreux compatriote…