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de Lancry, car c’est ici que vous vous êtes arrêté tout-à-l’heure.

Le prince reprit :

— Rochegune, bien décidé à n’abandonner son hetman que lorsqu’il lui aurait rendu un service égal à celui qu’il en avait reçu, n’attendit pas longtemps l’occasion de s’acquitter dignement. J’oubliais de vous dire que l’hetman avait deux fils qui servaient comme simples cavaliers dans sa troupe ; il les aimait comme un loup aime ses petits, les lançait sans sourciller au milieu des plus grands dangers, et puis, l’action finie, il les étreignait sur sa poitrine avec une sorte de joie sauvage et des rugissements de bête fauve. L’intrépidité naturelle à Rochegune, l’affection que lui témoignait l’hetman dont il partageait vaillamment les dangers et les privations, lui acquirent bientôt une grande influence sur ces hordes. Une reconnaissance d’avant-postes, composée de quelques cavaliers parmi lesquels étaient les deux fils de l’hetman, tomba dans une embuscade placée au bord d’un torrent. Presque tous les cosaques furent massacrés, et les eaux apportèrent au camp de l’hetman ceux